Coup de coeur


Enfants à veloAoût 2002, Orly-Katmandou, vol qui nous mène à la découverte de ce royaume fascinant par son histoire, sa culture et la beauté de ses paysages. Nous ignorions alors où notre aventure allait nous conduire !! Après un trek qui nous permit de parvenir à un haut lieu de la spiritualité, là où l’esprit ne fait qu’un avec le paysage sublime enneigé de l’Annapurna, nous redescendons vers le Teraï. Au moment où les inondations ravagent le pays, les glissements de terrain provoquent des effondrements, les maoïstes terrorisent la population, nos pas nous guident dans le sud du pays, non loin de la frontière indienne, la vallée de Chitwan.

Chitwan connue pour son Parc National qui abrite rhinocéros, tigres, léopard et nombreuses autres espèces de mammifères et d’avifaune, constitue l’une des plus belles réserves d’Asie. Des safaris y sont organisés à dos d’éléphant ou en 4 x 4 où l’on peut découvrir avec ravissement le paysage de la jungle et la faune qui l’habite. Non loin du Parc, nous nous rendons sur la rive nord de la Rapti dans un petit village nommé Sauraha, aux habitations typiques en pisé. La population composée principalement de Tharus nous accueille avec gentillesse et hospitalité. Nous découvrons sous une chaleur torride et humide, les cases aux toits de chaume où vivent entassés parents et enfants, cohabitant avec animal domestique et basse court. Nous apercevons, bordant les ruelles de terre battue, les lodges pour touristes qui remettent en état leurs agencements intérieurs et extérieurs endommagés par les inondations et la boue ; quelques rares échoppes sont ouvertes dans l’attente d’une vente, qui sera certainement le seul gain de la journée.

Le mois d’août n’est pas vraiment la saison touristique, et les quelques étrangers qui s’y arrêtent sont les bienvenus !! En parcourant les chemins boueux, notre bonne humeur nous conduit vers la petite battisse qui sera à notre insu, le but de notre voyage. Nous nous approchons d’une pancarte sur laquelle nous pouvons lire :  » NEPAL CHILDREN WELFARE HOME « . Très vite, nous comprenons qu’il s’agit d’un orphelinat. Là, un homme jeune nous accueille et nous fait visiter les lieux : 1 garage non aménagé avec pour fermeture un rideau métallique, le sol en terre battue, constitue la pièce principale. Le lieu où mangent, dorment et vivent les enfants. Attenant, une minuscule pièce, servant de bureau d’accueil pour les visiteurs et de chambre pour le personnel bénévole ; jouxtant une kitchenette, la salle d’eau (une fontaine), et les toilettes sont à l’extérieur. L’homme nous raconte que cet Organisme a été créé en septembre 2001, et que 7 petits, d’origine géographique différente, ont été recueillis. Certains ont été abandonnés de leurs parents, d’autres les ont perdus.

De 4 à 14 ans, ils vivent tous ensemble, sous l’œil attentif et vigilant de 4 bénévoles, dont deux dames et une jeune fille. L’aide financière provient des dons obtenus des touristes de passage, de la gentillesse des habitants du village, quand ils le peuvent !! Hormis cette aide aléatoire, au bon vouloir des passants, ces enfants n’ont rien ! Ils dorment à même le sol, sans matelas, sans couverture ! N’ont pour habits que quelques vêtements collectés par ci, par là ; les chaussures sont des accessoires trop onéreux pour en avoir. Nous décidons de rendre visite aux enfants qui sont à l’école, à quelques kilomètres de leur habitation. Comme la majorité des enfants népalais, ils reçoivent un enseignement basic. Le costume scolaire est d’usage (une chemise de couleur bleue, ou grise suivant les régions, avec pantalon et jupe assortis). L’enseignement de l’anglais, de matières littéraires ou scientifiques reste réservé aux enfants privilégiés, dont les parents versent des sommes plus importantes pour assurer leur éducation. Enseignants et enfants nous accueillent chaleureusement, et manifestent un intérêt non dissimulé. Des photos sont prises, des sourires échangés, des regards interrogateurs… Nous décidons de revenir les voir plus tard dans leur habitation pour faire plus ample connaissance. En fin d’après midi, à l’heure où le soleil se couche progressivement et les senteurs du crépuscule s’élèvent, nous atteignions l’orphelinat. Les enfants jouent, d’autres récitent leurs leçons. Les bénévoles nous reçoivent avec gentillesse et nous parlent de chacun des enfants.

Ils racontent également leurs difficultés à faire vivre les enfants au quotidien. En effet les conditions de vie deviennent de plus en plus difficiles, nous disent-ils : « les touristes sont de moins en moins nombreux en raison des problèmes politiques que connaît le pays et les dons sont de plus en plus rares » !! Ils n’ont plus assez d’argent pour subvenir aux besoins de 1ère nécessité et dormir sous leur toit (si petit soit il) car le prix du loyer devient trop élevé pour leur budget. Nous comprenons très vite que leur survie est donc menacée, mais leur pudeur est à la hauteur de leur simplicité et de leur humilité : aucune sollicitation de leur part. Nous les quittons le coeur serré mais sachant au fond de nous qu’il y aurait une suite à cette rencontre ; nous ne savions pas encore Comment et Quand . La seule certitude était que nous ne pouvions pas exposer ces enfants à l’abandon une nouvelle fois.


Soleil-Vert | 4 mars 2013